Tony Jalinier est le co-fondateur du réseau Le Five. Son groupe rassemble une quarantaine de clubs en France et aux Etats-Unis, soit près de 3 millions de passages dans les salles chaque année. Impacté par la crise du Covid et les dernières mesures gouvernementales, il nous explique comment son entreprise fait de la résistance.
Depuis le mois de mars, quel est votre bilan comptable ? Vous avez des chiffres précis sur la perte d’activité ?
Sur la période de confinement et légèrement après, nous avons perdu un peu moins de 4 millions d’euros. Depuis la fermeture imposée fin septembre, nous sommes partis sur des pertes sèches autour de 1 million d’euros par mois alors que nos prévisions de départ, sans aucune fermeture, étaient plutôt autour de 2 ou 3 millions sur l’année.
L’Etat a proposé différents dispositifs aux entreprises, avez-vous profité de certaines aides ?
Nous avons bénéficié du chômage partiel et du décalage de certaines charges. Ce sont des bonnes mesures pour sauvegarder l’emploi mais nous n’avons rien eu sur les loyers qui représentent 30% de nos charges. En refermant, comme c’est le cas en ce moment, on se retrouve en grande difficulté.
On a aussi bénéficié des PGE et du soutien de nos partenaires bancaires, ce qui nous a permis de finaliser les ouvertures de 4 nouveaux centres parisiens. Le PGE était une bonne solution au départ, c’est moins le cas aujourd’hui car beaucoup d’entreprises se retrouvent endettées jusqu’au cou. Il faut les sauver en cash plutôt que les alourdir en endettement.
Vous n’avez pas enregistré de fermeture définitive de centres ?
On ne peut pas parler de fermeture, nous avons plutôt cédé des centres, 3 pour être précis. Nous devrons peut-être aller plus loin. Le Covid a fait que des centres peu rentables ont consommé beaucoup de cash. L’actualité nous donne raison et nous avons préféré revendre les centres qui étaient dans des situations délicates.
Le Five est assez offensif ces derniers jours dans les médias. Comment peut-on résumer vos revendications ?
Nous soutenons évidemment la lutte contre le virus mais nous ne comprenons pas que le gouvernement considère le sport grand public comme une perte acceptable. Pour ce qui est des centres LE FIVE, depuis la fin juin, nous avons eu 300 000 passages dans les salles et aucun contamination enregistrée. Si on compte les salles de fitness, c’est 27 millions de passages et 200 contaminations avérées par l’ARS. On est loin des niveaux d’alerte définis par le ministère de la santé. Il n’y a pas de véritables justifications. Localement, nous avons attaqué les arrêtés préfectoraux avec les acteurs du fitness, cela va peut-être faire bouger les choses.
Il y a donc une solidarité avec vos concurrents directs sur l’activité football mais aussi l’escalade, le fitness, le padel…
Oui, on se parle tous les jours pour coordonner nos actions. Tous les professionnels sont unis pour défendre et sauver leur secteur d’activité. Il ne faut pas rester inactif. C’est dans cet esprit que nous avons décidé d’ouvrir gratuitement nos centres au jeune public et cela fonctionne bien.
Dans ce contexte inédit, vous avez tout de même annoncé un partenariat avec Zinédine Zidane…
Oui, avec nos ouvertures parisiennes, ce sont les bonnes nouvelles du moment. Nous avons réussi à mener à bien cette joint-venture avec Zinédine Zidane. C’est une association lourde puisque nous avons créé une société ensemble avec l’ambition de devenir la plus grande école de football five au monde. L’objectif est de s’étendre en France, en Italie et aux Etats-Unis d’ici 3 à 5 ans. C’est un investissement commun.